Les conversations quotidiennes sont très interactives. Les interlocuteurs discutent de sujets variés et passent très rapidement d’un sujet à un autre. Les conversations sont tellement rapides que la seule manière de suivre le rythme consiste à concevoir son message pendant que notre interlocuteur est en train de parler. Il nous faut alors anticiper ce qu’il va dire afin de préparer une réponse. Pour ce faire, nous décryptons des signaux non verbaux de notre interlocuteur, tels que les pauses, le ton, le regard, l’intonation et même la respiration.

Pour les utilisateurs de la Communication Améliorée et Alternative (CAA), initier et maintenir une conversation peut être particulièrement difficile. Non seulement à cause de la rapidité et du timing, mais aussi à cause du vocabulaire et de la technologie (et de ses limites).

Les obstacles qui se dressent devant les utilisateurs de CAA dans le cadre d’une conversation

Les utilisateurs de Communication Améliorée et Alternative (CAA) doivent gérer les différents aspects d’une conversation, tout en allant chercher des mots manuellement sur un appareil. Chaque signal non verbal peut être perturbé par la CAA. Les utilisateurs de CAA doivent rompre le contact visuel pour taper leur message. Ceux-ci doivent se diriger physiquement vers leur système de CAA au lieu de se tourner vers leur partenaire de communication. En temps normal, lorsqu’une personne commence à concevoir son message, ce dernier est imperceptible pour la personne qui est en train de parler. Mais si un utilisateur de CAA commence à générer son message au même moment, cela peut paraître impoli. Saisir des mots ou sélectionner des symboles est une opération plus lente que la prise de parole, mais les utilisateurs de CAA disposent de moins de temps pour former leur message. En général, ils commencent par générer leur message, puis ils utilisent leur système pour le prononcer.

Sept façons d’aider les utilisateurs de CAA pendant des conversations

Les sept conseils ci-dessous découlent directement de ces principes clés : demandez aux utilisateurs de CAA comment ils souhaitent être aidés. Travaillez avec eux pour trouver le meilleur moyen de les stimuler et de les aider à participer activement aux conversations.

1. Être patient

Attendez-vous à ce que la conversation avec un utilisateur de CAA soit plus lente. Soyez patient : faites une pause, attendez et laissez du temps à l’utilisateur de CAA pour composer un message. Ralentir le rythme réduit certaines exigences. Cela permet aussi d’améliorer la compréhension. Arrêtez d’anticiper ce que son interlocuteur est susceptible de dire et écoutez ce qu’il dit vraiment. Attendez de recevoir le message au complet afin de ne pas manquer les mots importants.

2. La conversation semble différente

Attendez-vous à ce qu’un utilisateur de CAA ne puisse pas envoyer simultanément des signaux non verbaux habituels tout en utilisant son système. La voix électronique ne fournira pas les mêmes signaux.

3. Présumer des compétences

La recherche laisse entendre que les partenaires de conversation pourraient sous-estimer les utilisateurs de CAA en raison des limites inhérentes aux systèmes. S’exprimer lentement, en faisant de longues pauses, en rompant le contact visuel ou en faisant des réponses un peu brutales et en l’absence de signaux non verbaux, est souvent interprété par les personnes qui peuvent faire usage de la parole comme un manque de compétences communicationnelles. Or, nous devrions les considérer comme le résultat d’une technologie imparfaite et non d’un manque de compétences ou d’intelligence.

4. Inviter l’utilisateur de CAA à définir le sujet

Les utilisateurs de CAA participent souvent aux conversations, mais les études montrent qu’ils définissent rarement le sujet. Faites une pause et montrez-vous patient afin qu’ils puissent entamer la conversation. Pensez à demander à l’utilisateur de CAA s’il dispose de photos illustrant ses propos. Pendant que vous examinez les éléments visuels, l’utilisateur de CAA peut composer son message.

5. Défenseur de l’utilisateur de CAA

Demandez aux autres interlocuteurs d’attendre pendant que l’utilisateur de CAA compose son message. Demandez à l’utilisateur de CAA quelle est la meilleure façon de l’aider à contribuer aux conversations ou s’il souhaite poursuivre une conversation en ligne (sur les réseaux sociaux ou par courrier électronique, par exemple). Les échanges virtuels comportent généralement moins d’obstacles car les deux interlocuteurs utilisent la technologie plutôt que la parole.

6. Planifier

Les utilisateurs de CAA ont besoin de temps pour composer leurs réponses, mais peuvent aussi utiliser, si nécessaire, des messages rapides pré-enregistrés et prêts à l’emploi. La plupart des systèmes de CAA permettent à l’utilisateur de planifier des phrases pour différentes situations et conversations, puis de les stocker pour les récupérer rapidement. D’après les recherches effectuées sur le sujet, de nombreux utilisateurs de CAA n’utilisent pas toutes ces fonctionnalités. Utilisateurs et mentors expérimentés peuvent partager leurs connaissances concernant les stratégies à mettre en œuvre.

7. Supports visuels

Certains utilisateurs de CAA, et notamment ceux qui souffrent d’aphasie, ont du mal à trouver leurs mots. D’autres mettent beaucoup de temps à trouver les mots qu’ils veulent utiliser sur leur système de CAA. Souvent, il leur est plus simple d’utiliser des supports visuels pour définir des sujets. Ces supports peuvent prendre la forme de photos, de dessins, d’images provenant d’Internet ou de documents de référence tels que des cartes. La recherche sur les troubles de la communication tels que l’autisme et la démence montre que les éléments visuels améliorent la prise de parole et la participation. Ouvrez et partagez des articles ou des « mèmes » sur les réseaux sociaux. Écrivez et racontez des histoires au sein d’applications comme Pictello. Montrer des images dans un magazine.

Liens et références (en Anglais)